L’ancienne ministre de la Culture préside l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), dont le Fonds de dotation organise le Prix de la communication citoyenne. Elle espère, pour cette deuxième édition, un nombre de candidatures plus élevé chez les collectivités.
Le Fonds de l’ARPP a repris les Prix de la communication citoyenne en 2023. Quel premier bilan ?
C’est un prix qui a très bien redémarré. Son retour était, je crois, attendu par tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la communication publique. Après la remise des prix, en décembre dernier, tout le monde a souligné à quel point il était utile et important de mettre en valeur non plus les seules campagnes citoyennes, comme avant, mais bien la communication citoyenne. Pour le monde de la publicité, c’est une nouvelle occasion de montrer de la créativité au service de belles causes. Le bilan de la première édition est positif. Il y a eu quand même 147 candidatures!
Doit-on s’attendre à des nouveautés pour cette deuxième édition ?
Non. Nous souhaitons plutôt organiser une édition de consolidation, avec les quatre mêmes catégories (lire ci-contre). Sont toujours concernés les organismes gouvernementaux, les associations, les ONG, les collectivités, les entreprises publiques et privées, etc. C’est extrêmement vaste. L’idée est plutôt cette année de mieux nous faire connaître, d’attirer peut-être plus de participants et puis, surtout, d’être très attentif à la qualité. Elle était au rendez-vous en 2023, c’était frappant, mais on peut toujours élever le niveau d’exigence.
Pourquoi pas de nouvelles catégories ?
Il n’est pas interdit de réfléchir. On peut envisager des extensions, voire des nouveaux thèmes. À titre personnel, je pense au civisme, qui occupe souvent le cœur de l’actualité. Pourquoi pas ? Rien n’est fermé pour les années suivantes. On en parlera avec tous nos partenaires. Mais en 2024, on consolide.
Cela pourrait aussi être un levier pour attirer de nouvelles candidatures. Les collectivités n’étaient pas nombreuses à postuler l’an dernier : comment les convaincre ?
En rappelant que le Prix de la communication citoyenne est vraiment accessible à tout le monde, qu’il est gratuit et que les supports ou les formats peuvent être très variés. Le Département de l’Ille-et-Vilaine a remporté un prix, l’an dernier, avec une campagne de podcasts consacrée à des actions de solidarité. Tout est ouvert !
On peut aussi s’appuyer sur les parlementaires, qui peuvent diffuser l’information dans leur circonscription. Notre jury est à la fois composé de professionnels et de parlementaires. C’est important. Il y a d’un côté le regard assez technique, naturellement, des professionnels, de l’autre l’intérêt des élus pour la chose publique et leur connaissance, justement, des causes qui peuvent mobiliser les citoyens aujourd’hui.
Plus largement, quelle place occupe la communication d’intérêt général dans le travail de l’ARPP ?
L’ARPP porte une attention générale en matière de publicité, y compris commerciale. Sans doute est-elle encore accrue quand il s’agit de campagnes citoyennes, mais les critères, au fond, sont les mêmes. Avec son ensemble de juristes, l’Autorité est vraiment mobilisée sur tout ce qui est proposé au public. Et les exigences sont très grandes, comme le prouve d’ailleurs toute l’activité de notre jury de déontologie publicitaire, qui est constamment saisi de remarques, de plaintes, etc.
Y compris pour des campagnes de communication publique ?
Il peut y avoir des remarques. Certaines campagnes publiques sont assez violentes, sur l’alcool par exemple, avec un choix délibéré de frapper fort. Nous pouvons toujours en être saisis. Mais nous n’avons pas à nous prononcer sur des communications gouvernementales.
L’intelligence artificielle peut incarner une menace pour le monde de la communication. Comment l’ARPP veille t-elle au grain en l’espèce ?
L’intelligence artificielle, qui n’est pas régulée aujourd’hui, peut être un soutien et une ressource importante pour construire une campagne, bien sûr, mais ne peut pas être le seul outil utilisé par une personne morale. Nous n’en sommes d’ailleurs pas là. Il faut être vigilant, mais les pouvoirs publics, l’Arcom et d’autres structures européennes mènent toute une réflexion pour ne pas entraver ces fulgurances technologiques et maintenir, en même temps, certaines règles auxquelles nous tenons en Europe.
Quelle campagne de communication d’intérêt général a pu vous marquer récemment ?
Celle qui a reçu le prix spécial du jury l’an dernier, par exemple. Une campagne de l’association Petits Princes, signée Altmann+Partners. Elle incitait à faire des legs pour que des enfants puissent ensuite accomplir leurs rêves. Elle m’a marquée par ses moments de grâce et de poésie, mais aussi par son humour.
Vous aviez aussi cité, dans d’autres interviews, la campagne « Le Dévendeur », d’Havas Paris pour l’Ademe…
Elle m’avait frappée, oui. Parce qu’elle ouvrait un débat.
À la fois elle rappelait des gestes incontestablement nécessaires, comme réparer un objet ou recourir à la seconde main, à la fois elle détournait de la consommation, ce qui est plus discutable, en tout cas ouvert à la discussion. C’est cette provocation qui rendait cette campagne extrêmement intéressante. Elle m’est restée en mémoire.
Ce type d’opérations pourrait remporter un prix ?
C’est ouvert. Le jury ne s’est pas encore réuni…
PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE GAZEAU
Rédacteur en chef BRIEF, le magazine des communicants publics
Partenaire de la première heure du Prix de la communication citoyenne, Brief, le magazine référent des acteurs de la communication publique en France renouvelle son engagement pour l’édition 2024
Des dossiers à déposer en mai-juin
Lancé en 2023 par le Fonds de dotation de l’ARPP sur les bases du Prix de la campagne citoyenne (2005-2017), le Prix de la communication citoyenne reste gratuit et ouvert aux actions mises en place entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024, entrant dans une des quatre catégories
(« Droits de l’homme », « Santé publique », « Progrès social / Solidarité » et « Consommation responsable »), elles-mêmes divisées en quatre sous-catégories (« Associations, ONG, Syndicats », « Collectivités locales et territoriales », « Entreprises et établissements » et « Organismes gouvernementaux et assimilés »). Les dossiers sont à déposer entre le 15 mai et le 30 juin sur le site https://pcc.fdarpp.org.